Geophonies~

Dans le cadre du @millenairecaen2025, le festival ]interstice[ devient ]𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲[𝟭𝟬𝟬𝟬, une édition exceptionnelle qui aura lieu du 4 au 21 décembre 2025. À cette occasion, six œuvres actuellement en production pour ]𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲[𝟭𝟬𝟬𝟬 seront exposées !

Geophonies~ quels sons font les bruits ?

Nicolas Germain en collaboration avec Jean-Marc Routoure (Laboratoire GREYC)

En tant que sujet d’étude théorique et scientifique, tout en étant source de création musicale, de création visuelle, et d’une connexion avec la nature, le bruit ainsi que les déplacements des sons dans l’espace seront au cœur des expérimentations et créations issues d’une collaboration entre un artiste et un scientifique.

Le projet Geophonies s’intéresse aux réactions de méduses imaginaires face aux sons qui peuplent leur environnement marin. À la croisée de la bioacoustique sous-marine, de la physiologie cellulaire et de l’éthologie marine, il explore comment ces créatures dépourvues de système nerveux central perçoivent et réagissent aux vibrations acoustiques, qu’elles proviennent de phénomènes naturels (vagues, sons d’autres organismes) ou d’activités humaines (moteurs de bateaux, sonars). Cette recherche propose une réflexion sensible sur la perception sonore des cnidaires et questionne les effets de la pollution acoustique sur la vie marine.

Plusieurs étapes de travail ont déjà été définies : création d’une base de données de bruits de composants, enregistrement et traitement des sons, expérimentations de spatialisation des bruits non synthétiques issus de composants analysés en laboratoire, ainsi que la conception d’un outil permettant de générer et contrôler en temps réel certains bruits spécifiques. En établissant des liens entre les sons des composants électroniques et ceux observés dans la nature, cette recherche ouvre la voie à une compréhension plus large des phénomènes sonores.

Les sons des composants électroniques, présentant des similitudes potentielles avec des bruits naturels tels que le vent, l’eau ou la vie animale, pourraient ainsi apporter de nouvelles perspectives pour comprendre les mécanismes de transport en jeu et suggérer des analogies entre les systèmes technologiques et les écosystèmes naturels.

Les pistes de recherche incluent également l’utilisation de nouvelles méthodes d’analyse des signaux (comme la décomposition en ondelettes) afin d’enrichir la visualisation des sons, des expérimentations pour traduire en sons et en images les bruits imperceptibles à l’oreille humaine, et la mise en relation de l’analyse spectrale de Fourier dans les domaines scientifique et musical. En s’inspirant des paysages sonores de la nature, ces analyses pourraient également donner lieu à des compositions qui résonnent avec des environnements naturels, établissant ainsi un lien poétique entre technologie et nature.

Une scénographie sonore et visuelle des interactions microscopiques, dans une structure cubique rappelant celle des composants semi-conducteurs, permettra de spatialiser le bruit et ses origines microscopiques à une échelle humaine. Ce dispositif immersif, en offrant un espace où l’on peut explorer les effets de déplacement sur le son, permettra également de réimaginer la place de l’homme et de la technologie dans un monde naturel plus vaste, où chaque son raconte une histoire interconnectée.

Ce dispositif fournira un cadre inspirant pour élaborer de nouvelles hypothèses sur les origines microscopiques des fluctuations à basse fréquence, tout en explorant de manière immersive la relation entre technologie, art et nature.

Production : Station Mir | Développement du projet et mise en réseau : Oblique/s | Coordination déléguée : Manœuvre | Partenaires scientifiques Laboratoire GREYC Caen – ENSI Caen – CNRS